Sumner Mark La porte des mondes

La tour du Diable

La tour du Diable (Devil's Tower, 1996)
Traduit par Patrick Couton
1- L'Atalante (1998)
    407 pages       2-84172-083-7

2- Pocket Fantasy (2005)

    406 pages   2-266-13832-4

Uchronie. Date de la divergence :  1862
La tour du Diable
Le train du Diable
Quatrième de couverture

Le Wyoming, années 1870. Dix ans plus tôt, les morts se sont levés à la bataille de Shiloh. L'horreur de la guerre de Sécession a libéré dans le pays une magie redoutable. Des pouvoirs surnaturels ont été lâchés dans la nature, qui ont à jamais bouleversé l'Amérique.
C'est dans cette univers de western fantastique que commence l'aventure de Jack Bird. Un univers de villes qui naissent et  meurent plus vite qu'éphémères en juin. Car pour survivre aux périls de la Frontière - bandits, maléfices, invocations - il est besoin de shérifs forts, capables de dégainer vite et de jouer de talents efficaces.
Jack Bird n'a pas pour but de s'épingler l'étoile de la Loi. Il possède un talent, oui, peut-être même puissant. Mais il lui faut d'abord affronter son passé et se dresser contre le meurtrier de son père; l'homme le plus dangereux de l'Ouest: le général Custer. 

Critique

« Le chaman arriva en ville juste avant le coucher du soleil, monté sur un cheval mort. »

Le début de ce livre étonnant donne tout de suite le ton : poussière, châleur, grincement du cuir... Pas de doute, nous sommes dans un western ! Mais pas n'importe lequel : le cheval mort n'est que l'une des innombrables créatures fantastiques qui hantent l'Ouest des Etats-Unis depuis que la guerre de Sécession a libéré de mystérieuses forces magiques... Nous voilà plongé dans une uchronie fantastique, bien différente du sérieux Autant en emporte le temps de Ward Moore.
Les personnages y deviennent doués de talents, tels le gribouillage, le braillage, le bavardage ou le façonnage... talents qui permettent d'invoquer divers monstres, de se transformer en animal ou encore d'animer quelques morts en putréfaction...
Cela nous vaut quelques moments inénarrables, notamment lorsque l'auteur détourne les clichés classiques du western : imaginez un duel à coup d'invocations diverses, le colt devenant un accessoire bien peu efficace ; imaginez à quel point la chance peut sourire à un joueur de poker dans un tel univers... Le style fluide de Sumner fait mouche, et l'on parvient sans difficulté à visualiser parfaitement chaque scène et à adhérer à cette incroyable histoire.
On sourit souvent, mais le roman ne devient jamais ouvertement humoristique. L'auteur respecte en effet un certain équilibre entre la parodie et l'horreur. Cet équilibre fragile peut passer pour une faiblesse car le ton est trop décalé pour que la tension s'installe et que le lecteur puisse être vraiment terrifié par des scènes pourtant horrifiques.
On peut regretter aussi une intrigue un peu lâche dans les deux premiers tiers du roman.  La folie meurtrière et le pouvoir maléfique de Custer constituent le principal ressort de l'histoire et l'on aurait donc aimé que ce personnage soit introduit plus tôt.
Malgré ces quelques réserves, La tour du diable est une excellente surprise, à ne pas manquer. Tout amateur de fantastique ou de fantasy devrait en effet se délecter à déguster ce livre qui n'est comparable à aucun autre. 

                                                                              Pascal Patoz
 

© La Porte des Mondes et Icarus
Toutes les critiques sont copyright © 1999 par leurs auteurs.

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