Quatrième de couverture
L'horreur de la guerre de sécession a fait
éclore un chaos de talents surnaturels qui ont à jamais changé
la face de l'Amérique du Nord. Sans un shérif doté
d'un pouvoir efficace, aucune bourgade ne peut survivre, et la désertification
menace les cités de la Frontière. A Medicine Rock, ce shérif
c'est Jack Bird et la ville lui doit sa sécurité.
Or le magnat de l'industrie Jay Gould, qui s'est
adjoint les services du célèbre Buffalo Bill, a entrepris
d'achever la première voie ferrée transcontinentale et Medicine
Rock sera peut-être choisie comme gare sur la ligne. Est-ce une chance
inespérée ? Est-ce une calamité ? Car les rails sur
la prairie dissimulent un projet meurtrier.
Western fantastique, Le train du Diable
fait suite à La tour du Diable,
première aventure de Jake Bird. |
Critique
La guerre de Sécession a libéré une étrange
force magique, apportant à certains hommes, dont de nombreux hors-la-loi,
différents « talents » aux effets toujours surprenants,
comme le bavardage, le transformage ou le gribouillage. L'Ouest américain
en est bouleversé et ses villes sont moribondes, en dehors de quelques
îlots sous la protection de shérifs qui se montrent habiles
magiciens autant que fins tireurs.
Pourtant, au début de ce second volet des aventures de Jake
Bird, la civilisation semble à nouveau en marche, et le projet d'une
ligne de chemin de fer transcontinentale, un temps abandonné, est
repris. Mais la motivation réelle de cette entreprise est-elle simplement
la libre circulation ? Ces rails faits d'un étrange alliage bleu-vert
aux propriétés inconnues ne sont-ils pas au centre de sombres
desseins ?
Tout comme dans La tour du diable,
Mark Sumner joue avec l'imagerie traditionnelle du western et retravaille
les situations classiques de ce genre devenu mythique, en y apportant un
élément de folie, une force surnaturelle qui permet à
l'homme de libérer ses instincts les plus sauvages.
Mais ici, la technologie pointe également le bout de son nez.
Certains scientifiques ayant appréhendé la nature énergétique
du phénomène appelé talent, ils s'essayent
à en prendre le contrôle, épaulés par de puissants
financiers.
L'intrigue, beaucoup plus aboutie que dans le précédent
volume, s'habille ainsi d'une ambiance steampunk
qui rappelle irrésistiblement les Mystères de l'Ouest,
tout en conservant une profonde originalité.
Aux côtés de Jake Bird, on fait la connaissance de nombreux
personnages secondaires, tous presque aussi importants que le héros
central. On se souviendra longtemps du Faiseur-de-pluie, qui en déchaînant
les tempêtes parvient à se déplacer à bord d'une
étonnante diligence à voiles, mais qui se trouve ainsi condamné
à ne plus voir le soleil... Ou de William Cody, le fameux Buffalo
Bill, redevenu un simple cow-boy apeuré, car dénué
du moindre talent... Ou encore des multiples autres figures marquantes qui traversent cette étonnante
aventure.
Inclassable, cette uchronie
fantastique, ce western délirant, est un véritable régal.
On regrette cependant que le dénouement, trop rapide, ne soit pas
tout à fait à la mesure du roman. Il y avait matière
à de nombreux autres rebondissements et à une apothéose
grandiose, mais Sumner a choisi de faire court et simple… Heureusement,
l'oeuvre est dans son ensemble si plaisante qu'on ne peut lui en vouloir
vraiment.
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