Sumner Mark La porte des mondes

Le train du Diable  (Devil's engine, 1997)
Traduit par Patrick Couton
L'Atalante     (2000)
352 pages        2-84172-124-8 
Uchronie. Date de la divergence :   1862
La tour du Diable
Le train du Diable
Quatrième de couverture

L'horreur de la guerre de sécession a fait éclore un chaos de talents surnaturels qui ont à jamais changé la face de l'Amérique du Nord. Sans un shérif doté d'un pouvoir efficace, aucune bourgade ne peut survivre, et la désertification menace les cités de la Frontière. A Medicine Rock, ce shérif c'est Jack Bird et la ville lui doit sa sécurité. 
Or le magnat de l'industrie Jay Gould, qui s'est adjoint les services du célèbre Buffalo Bill, a entrepris d'achever la première voie ferrée transcontinentale et Medicine Rock sera peut-être choisie comme gare sur la ligne. Est-ce une chance inespérée ? Est-ce une calamité ? Car les rails sur la prairie dissimulent un projet meurtrier.
Western fantastique, Le train du Diable fait suite à La tour du Diable, première aventure de Jake Bird. 

 Critique

La guerre de Sécession a libéré une étrange force magique, apportant à certains hommes, dont de nombreux hors-la-loi, différents « talents » aux effets toujours surprenants, comme le bavardage, le transformage ou le gribouillage. L'Ouest américain en est bouleversé et ses villes sont moribondes, en dehors de quelques îlots sous la protection de shérifs qui se montrent habiles magiciens autant que fins tireurs.
Pourtant, au début de ce second volet des aventures de Jake Bird, la civilisation semble à nouveau en marche, et le projet d'une ligne de chemin de fer transcontinentale, un temps abandonné, est repris. Mais la motivation réelle de cette entreprise est-elle simplement la libre circulation ? Ces rails faits d'un étrange alliage bleu-vert aux propriétés inconnues ne sont-ils pas au centre de sombres desseins ?

Tout comme dans La tour du diable, Mark Sumner joue avec l'imagerie traditionnelle du western et retravaille les situations classiques de ce genre devenu mythique, en y apportant un élément de folie, une force surnaturelle qui permet à l'homme de libérer ses instincts les plus sauvages.
Mais ici, la technologie pointe également le bout de son nez. Certains scientifiques ayant appréhendé la nature énergétique du phénomène appelé talent, ils s'essayent à en prendre le contrôle, épaulés par de puissants financiers.
L'intrigue, beaucoup plus aboutie que dans le précédent volume, s'habille ainsi d'une ambiance steampunk qui rappelle irrésistiblement les Mystères de l'Ouest, tout en conservant une profonde originalité.

Aux côtés de Jake Bird, on fait la connaissance de nombreux personnages secondaires, tous presque aussi importants que le héros central. On se souviendra longtemps du Faiseur-de-pluie, qui en déchaînant les tempêtes parvient à se déplacer à bord d'une étonnante diligence à voiles, mais qui se trouve ainsi condamné à ne plus voir le soleil... Ou de William Cody, le fameux Buffalo Bill, redevenu un simple cow-boy apeuré, car dénué du moindre talent... Ou encore des multiples autres figures marquantes qui traversent cette étonnante aventure.

Inclassable, cette uchronie fantastique, ce western délirant, est un véritable régal. On regrette cependant que le dénouement, trop rapide, ne soit pas tout à fait à la mesure du roman. Il y avait matière à de nombreux autres rebondissements et à une apothéose grandiose, mais Sumner a choisi de faire court et simple… Heureusement, l'oeuvre est dans son ensemble si plaisante qu'on ne peut lui en vouloir vraiment. 

                                                                             Pascal Patoz
 

© La Porte des Mondes et Icarus
Toutes les critiques sont copyright © 1999 par leurs auteurs.

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