| Quatrième de couverture
(édition 2000):    Oubliez tout ce que vous savez sur l'Amérique!
En 1938, le Sud esclavagiste et prospère
domine les États du Nord où végète une population
famélique. Et pourquoi? Parce que les Sudistes ont remporté
la guerre de Sécession. Et si un jeune historien voyageait dans
le temps et allait voir ce qui s'est passé lors de la bataille de
Gettysburg, ne pourrait-il pas involontairement changer l'histoire?
 Ward Moore (1903-1978) est connu dans le monde
entier pour Encore un peu de verdure (qu'on pourrait sous-titrer
L'Apocalypse par les plantes) et Autant en emporte le temps, tous
deux véritables classique de la science-fiction américaine.
 A noter que l'édition 2000 propose un superbe
dossier sur l'uchronie et Ward Moore écrit par Francis Valéry,
auteur de La Cité entre les mondes. | 
| Critique 
  
       Pour faire encore plus déplorer son agonie, PdF ajoute 
  aux découvertes des rééditions mieux que bienvenues. Dont ce roman de 1953, 
  traduit en 1977, souvent cité, et ainsi de nouveau disponible. Le Sud y a 
  triomphé en 1863, et dans le Nord, entre récession et racisme, on suit un 
  gamin mal à l'aise dans une société étouffante, qui tente sa chance en ville, 
  travaille dans une librairie, lit avec passion, et a l'occasion de bénéficier 
  d'une fondation semi-clandestine, havre scientifique où se construit une 
  machine à remonter le temps... Peu de choses manquent à ce mélange de récit de 
  formation et d'uchronie  : discussions pour aider le lecteur à comprendre que 
  l'Histoire peut être remodelée, évolution de l'Amérique du Nord et aperçus du 
  reste du monde (dont un Ouganda-Eretz), psychologie dérivée de Freud, 
  éducation sentimentale du héros, avec au moins un personnage féminin qui a pu 
  surprendre à l'époque et contribue à la modernité du roman — avec 
  l'antiracisme, normal pour nous (on l'espère), mais qui put alors avoir valeur 
  de manifeste. Et si quelque adolescent se plaindra du manque d'action, ou si 
  le style s'est parfois patiné, une lecture innocente est possible, comme si 
  l'histoire avait été écrite hier  : après un demi-siècle, cela fait la 
  différence entre un document pour spécialistes et un classique increvable. 
       « Classique » rimant avec « appareil critique », 
  Francis Valéry a été chargé d'un dossier d'une quarantaine de pages, rédigé 
  avec talent mais un peu hâtivement. D'où une analyse du texte qui permettra 
  d'en parler sans l'avoir lu, mais aussi des approximations quand à notre 
  Histoire (ainsi Dewey a existé, et a brigué la présidence contre Roosevelt et 
  Truman), ou une fiche sur l'uchronie fatalement trop brève et consacrant un 
  tiers de page au roman comme si elle avait été prévue pour autre chose... Mais 
  la qualité, l'excellence de ce qui est dit de l'auteur, de l'ensemble de son 
  œuvre, ou de la situation de la SF lors de la première publication, font 
  pardonner les scories, et relégueront ces récriminations entre coupage de 
  cheveux en quatre et pure jalousie. 
       La seule chose plus urgente que d'acheter ce livre est 
  de trouver un cheveu de cadre commercial, et d'emprunter à nos amis de 
  Ténèbres une poupée vaudou et des aiguilles. Pour venger l'assassinat de 
  la collection.   
Eric VIAL
 Première parution : 1/6/2000
 dans 
Galaxies 17
 Mise en ligne le : 25/03/2003
 |