John Brunner La porte des mondes

A perte de temps (Times without number, 1969)
Traduit par Bernard Blanc et Dominique Brotot
Opta Galaxie Bis n° 106 (1984)
190 pages     2-7201-0199-0
Uchronie Date de la divergence :  1588.
Quatrième de couverture

Quatre siècles s'étaient écoulés depuis que la Grande Armada avait défait la flotte anglaise et l'Empire espagnol tenait, bien en main, les rênes du pouvoir...
Les gens de la Société temporelle étaient bien décidés à conserver les choses en l'état.
Pourtant... des fonctionnaires corrompus usaient des voyages dans le temps comme d'une source de profit. Et, par une logique toute particulière, les Indiens du Nouveau Monde réclamaient soudain leur indépendance et des Amazones avaient crever le mur du temps pour assassiner le Prince Impérial.
Don Miguel Navarro, membre de la Société, fut soudain confronté à de bizarres convulsions historiques... ?

John Brunner, un des géants de la science-fiction moderne, vous propose avec A perte de temps une uchronie parfaitement maîtrisée

Critique
 
Un jeune « Licencié de la société du temps », c'est-à-dire un voyageur temporel appartenant quelque peu au clergé régulier, se trouve confronté successivement à un trafic d'objets d'art à travers les siècles, à l'irruption d'amazones dévastatrices issues d'un univers parallèle et au pillage des mines de Californie quelques siècles avant leur découverte officielle le tout dans un univers où l'Invincible Armada a écrasé la marine britannique. Ces trois aventures sont pratiquement indépendantes les unes des autres, selon la formule de la Patrouille du Temps d Anderson. Cela dit. elles s'organisent en crescendo Les dégâts sont à chaque fois plus importants, et le tout débouche sur un bouleversement total de l'histoire.
     Il se passe assez de choses en 180 pages pour qu'on lise ce roman sans se poser de questions superflues et, ce qui est plus important, sans s'ennuyer. Cependant, comme l'Invincible Armada renvoie fatalement à Pavane de Keith Roberts, et comme le prière d'insérer parle d'une « uchronie parfaitement maîtrisée », on s'attend à quelque chose de magistral... c'est oublier que Brunner à côté de ses grands crus, produit de petits vins de pays qui n'ont pas d'autre ambition que de se laisser boire agréablement... C'est le cas ici, et l'on en est d'ailleurs prévenu à mots couverts dans les quelques lignes de présentation qui ouvrent le volume. On ne se demandera donc pas pourquoi Londres en 1988 ressemble encore à une capitale de la fin du XVIIIe siècle, ni comment la roue de l'histoire peut être ralentie sans que cela entraîne ou suppose des modifications profondes dans les mentalités, ni même pourquoi l'univers décrit a la consistance d'un décor de feuilleton télévisé. On se contentera de lire. Après tout, il y a trop peu d'uchronies sur le marché pour que l'on puisse faire la fine bouche, et même un tout petit Brunner est une lecture des plus agréables.

Eric VIAL

Première parution : 1/12/1984
dans Fiction 357
Mise en ligne le : 4/6/2003

 

© La Porte des Mondes et Icarus
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