Quatrième de couverture
Europia est un des romans
les plus originaux de ces dernières années. Certes, il faut
le mériter; il horripile, il scandalise, mais il emporte. Si nous
sommes encore peu nombreux à avoir perçu son importance, c'est
qu'il s'agit d'une sorte d'OVNI, ou d'OENI, objet écrit non identifié
dans l'espace littéraire français.
Il appartient en principe à un genre répertorié:
l'uchronie. Mais tous les auteurs d'uchronies n'inventent pas leur langue
comme Céline, ils ne placent pas leur oeuvre, avec une ambition justifiée,
sous l'invocation de Swift, ils ne bravent pas avec le culot d'Albert-Weil
tous les tabous d'une époque, ils ne jettent pas sur notre temps un
regard aussi aigu que le sien.
Hitler a gagné la guerre et l'histoire. Un
demi-siècle plus tard, de l'Atlantique à l'Oural, un empire
européen déjà trois fois "deshitlérisé"
oppose son ébouriffant mode de vie au mode de vie américain.
Le héros du livre n'est rien moins que le fils secret du quatrième
führer, un brillant jeune prédestiné à devenir le
cinquième ... Mais laissons de côté l'anecdote. ce qui
compte dans ce torrent de mots et de néologismes, c'est le vertige
qu'il nous inspire. En dehors d'une parenté évidente avec Céline,
Albert-Weil a en commun avec de ne pas savoir s'arrêter. Ce tempérament
éruptif qui a porté Céline à des extrémités
impardonnables conduit aussi très loin Albert-Weil. Le sens de la
mesure comme le bon goût, au premier degré en tous cas, l'auteur
d'Europia s'en balance. Alors souvent ça grince. Les écrivains
qui se veulent incorrects font figure de mazettes à côté
de ce Falstaff uchronique. On est parfois révolté à
sa lecture. Si l'on pardonne, c'est qu'à aucun moment le véhicule
fou de sa pensée ne cale, ni même ne ralentit. Il grille tous
les feux, il force tous les barrages, entraînant son lecteur vers un
abîme de perplexité inquiète, vers une réflexion
abasourdie sur l'histoire, sur la civilisation, sur l'homme. Ne manquez pas
Jean-Claude Albert-Weil.
G.-O Châteaureynaud
Europia est paru pour la première fois sous le titre
de Sont les oiseaux ... (Grand
Prix du Roman de la Société des Gens de Lettres 1997).
Europia est le premier volé d'un vaste triptyque, la
"Saga du Contre-Monde" qui comprendra Franchoupia et Siberia.
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