Orson Scott Card La porte des mondes

Couverture
La rédemption de Christophe Colomb (Observatoire du temps 1) (Pastwatch, The redemption of Christopher Columbus, 1996)      
Traduit par Arnaud Mousnier-Lompré
L'Atalante  (Novembre 1998)
448 pages.     2-84172-093-4
Uchronie. Date de la divergence : 1492. 
Interview de Orson Scott card
Quatrième de couverture

 Une ère nouvelle s'ouvre sur la Terre; après un siècle de guerre, de famine et de désespoir, l'humanité survivante a entrepris de soigner le monde. Et le dispose du chronoscope, qui lui montre le visage des hommes d'autrefois et lui fait entendre leur voix. L'Observatoire du temps scrute les siècles passés.
Ainsi du grand voyage qui conduisit Christophe Colomb le 12 octobre 1492 sur les rives du Nouveau Monde.
"J'ai rêvé, dit Putukam du peuple taïno d'Haïti, qu'un homme et une femme nous observaient, plus jeune que nous de quarante générations... Pourquoi n'empêchent-ils pas les Blancs de nous asservir ?"
Pour les chercheurs de l'Observatoire, n'y a-t-il pas une douleur insupportable à regarder l'Histoire dérouler son cours implacable ? Mais est-il possible d'intervenir ? Et le remède ne serait-il pas pire que le mal ? 

Critique

 Card nous offre une nouvelle fois un livre ambitieux, dont le thème est fascinant : quel regard jeter sur le passé ? peut-on supporter d'être spectateur sans intervenir ? comment prendre le risque d'agir ?

     Bien que constamment passionnant, comme la plupart des livres de l'auteur, certaines faiblesses empêchent cependant de le considérer comme une totale réussite.
     En effet, l'intrigue n'est pas toujours parfaitement convaincante : on a en particulier quelques difficultés à imaginer qu'avec une vision globale de l'histoire, des chercheurs puissent se focaliser sur un événement précis, aussi important soit-il... Et on a du mal à croire qu'ils soient un jour suffisamment convaincus du rôle décisif de cet unique événement pour décider d'agir avec les risques que cela comporte...
     Mais ces risques, Card les élude. Il balaye la notion habituelle de paradoxe temporel, qui rendrait impossible le roman, et il coupe court aux considérations éthiques en fournissant un prétexte qui force les protagonistes à l'action... ce qui lui permet de parvenir à une curieuse conclusion, dans laquelle la "rédemption" de Colomb semble celle de l'humanité entière...
     On peut enfin regretter la présence des chapitres qui présentent une nouvelle fois l'histoire bien connue de Colomb, qui ralentissent le rythme et alourdissent le récit sans rien ajouter à l'intérêt.

     L'ensemble demeure cependant d'un très haut niveau, et certains passages tout-à-fait extraordinaires suffisent à racheter les quelques défauts. Voir Tagiri remonter le temps à travers l'histoire de sa famille est un moment très émouvant, les découvertes de Kemal sur l'Atlantide ou les prévisions d'Hunahpu sur les Tlaxcaltèques sont passionnantes, et les scènes où nos observateurs s'intègrent au passé sont étonnantes et captivantes.
     Il en résulte que ce roman mérite amplement d'être lu, d'autant plus que le style de Card est comme d'habitude remarquable et qu'il réussit toujours à donner une rare consistance à ses personnages. 

Autres critiques


 

© La Porte des Mondes et Icarus
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