Quatrième de couverture
:
Steinbeck avouait une tendresse toute particulière à l'endroit
de ce roman "français" (1957) qui fut pour lui et pour ses lecteurs
d'alors comme une cure de santé.
Nous sommes dans la France des années 50 et l'on nous explique
que la République, fatigués par les changements de gouvernement
qui sont à l'époque l'une des plus sûres spécialités
du pays, décide de confier le pouvoir à un roi. On offre
donc la couronne à un lointain descendant de Charlemagne, Pépin
Héristal, modeste rentier parisiens propriétaire de quelques
pieds de vigne du côté de Chablis, astronome amateur à
ses heures.
Steinbeck a toujours aimé la veine humoresque: il n'en pour
s'en convaincre que de relire la merveilleuse série de romans qu'il
a consacré aux paisanos et aux joyeux clochard de Monterey
(Tortilla Flat, Rue de la Sardine, Tendre Jeudi).
Il y ajoute ici une jolie pointe de satire, mais sur un mode plus amusé
qu'accusateur (car on sent qu'il aime la France pour ses défauts
non moins que pour ses vertus). La description de la cour royale est en
soi un régal: la reine Marie et sa confidente soeur Hyancinthe,
une danseuse des Folies-Bergère devenue religieuse sur le tard;
l'oncle Charles Martel, propriétaire d'une galerie et grand expert
en faux; la princesse Clotilde, auteur à 15 ans d'un best seller
intitulé Adieu ma vie ... Quant à Pépin, il
déteste Versailles et ses appartements mal chauffés et n'est
jamais aussi heureux que lorsqu'il peut s'offrir une escapade en scooter:
occasion pour lui de découvrir les états d'âme de son
chère et vieux pays.
On songe aux comédies grinçantes où excellaient
alors Billy Wilder et William Wylder, aux grimaces émouvantes d'Audrey
Hepburn; on entend sonner l'orchestre heureux d'Un Américain
à Paris, on rit, on sourit, on se souvient ... et l'on n'est
pas loin d'essuyer une larme quand l'auteur nous pousse du coude pour nous
rappeler que si le monde mérite quelques, il n'y peut-être
pas de quoi en faire un drame. |