Entre Les Trois mousquetaires
d'Alexandre Dumas et Peter Pan de James Barrie , Pierre Pevel nous offre dans
Les Ombres de Wielstadt un roman plein de souffle, d'imagination,
et de suspense. Pierre Pevel a été la grande surprise de cette année 2001 avec
ce roman époustoufflant. Amateur de jeux de rôle, amateur de films de cape et
d'épées et des romans d'Alexandre Dumas, c'est dans ce formidable creuset que
Pierre Pevel a puisé ce qui me parait être l'un des meilleurs romans de l'année
2001, et je ne suis pas le seul puisqu'il a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire
2001.
La page
de Pierre Pevel sur le site de la nooSFère
La Porte
des Mondes :
Bonjour Pierre,en tout premier lieu est-ce que Les ombres de Wielstadt peut
être considéré comme une uchronie?
Pierre Pevel : Je ne
suis pas sûr que mon bouquin soit une uchronie. Il n'y a pas de point
divergence précis, je n'y ai pas vraiment songé, et on me l'a parfois
reproché. "Les Ombres de Wielstadt" se déroulent plutôt dans une Europe du XVIIe siècle
parallèle. Un peu comme les films mettant en scène James Bond. Il est clair
que 007 ne vit pas de le même monde que toi et moi. Mais son univers ressemble
quand même beaucoup au nôtre. Et personne ne se demande à partir de quelle
date l'univers de Bond a pris la tangente ... C'est la même chose dans Wielstadt. Disons que le cadre de Wielstadt est une Europe du début du XVIIe
historique, vue à travers des lunettes "Fantasy".
PdM : Où
situes-tu Wielstadt géographiquement?
P. P. : A peu
de chose près, là où est Düsseldorf. Et à supposer qu'un golfe noyé par la Mer
du Nord aille jusque-là.
PdM :
Pourquoi n'y a t-il pas de carte dans le premier roman? Y'en aura t-il
une plus tard?
P. P.: Il n'y
en a pas parce que personne n'y a songé. Je ne sais s'il y en aura une un jour.
PdM : Tu
es issu du milieu du jeu de rôle: est-ce par hasard si ton monde
rappelle la géographie de celui du jeu "Château Falkenstein"?
P. P. : Oui et
non. Bien malin celui qui peut répondre à cette question. Je n'ai pas pensé à
Falkenstein en imaginant Wielstadt. Mais je dois bien avouer que je
connaissais ce jeu et sa carte à l'époque. On peut aussi dire que les auteurs
de Falkenstein et moi avons utilisé un procédé identique: torturer la
géographie pour déclencher l'imaginaire.
PdM :
Quelles sont tes sources d'inspirations?
P. P. : Je ne
sais pas trop. Je lis surtout de polars, des ouvrages historiques, des
classiques (Maupassant, Flaubert). Très peu de fantasy et, pour ainsi dire,
aucune SF. J'ai une prédilection pour les romans populaires d'aventure, surtout
de cape et d'épée. "Les Trois Mousquetaires" sont mon livre de chevet. Je dois
le relire tous les deux ans, au moins. Dumas père est un maître.
PdM :
Y'a t'il
une parenté entre Kantz ton héros, et le capitaine Alatriste de
Perez Reverte?
P. P. : Je
crois qu'il y a surtout une parenté de goût littéraire chez Perez Reverte et
moi. Je ne connais pas le bonhomme mais, de "Club Dumas" au cycle "Alatriste"
en passant par "Le maître d'escrime", il est clair que Perez Reverte aime
Dumas et les romans de cape et d'épée. Nous appartenons au même club.
PdM :
Pourquoi avoir introduit une pincée de fantasy avec les différents
personnages issus des mythologies nordiques et gréco-romaines?
P. P. : Ca m'a
paru être une bonne idée. Et ça m'amusait.
PdM :
Leurs rôles vont-ils s'épaissir?
P. P. : Qui
vivra verra. Mais je ne me sens pas l'obligation de développer un personnage
au prétexte qu'il est un faune, ou un centaure. En tout cas pas sous l'angle
unique de la race. Zacharios est un faune comme Huggy-les-bons-tuyaux est
noir. Ce n'est pas ce qui compte le plus. Et puis, dans mon univers, les races
non-humaines n'ont rien d'exceptionnel. Aucune raison donc de s'y intéresser
particulièrement. Ce qui m'intéresse dans Zacharios, pour revenir à lui, c'est
son amitié pour mon héros, son mauvais caractère, sa générosité, son goût pour
les rumeurs, ses mystérieux contacts avec la pègre, etc.
PdM : Qui
est la Dame en rouge?
P. P. : Au
lecteur de deviner.
PdM : Un
second roman est prévu, je crois, peux-tu m'en dire plus?
P. P. : Il se
situe à l'été 1623, soit deux à trois ans après le premier opus. Le reste est
classé Secret Défense. Il y aura du sexe, du suspens, de l'aventure et de
l'action, mais pas de sexe, en fait.
PdM : Tu
as parlé de la possibilité de voir ton univers repris par d'autres
auteurs: comment verrais-tu l'évolution de ton univers partagé?
P. P. :
J'aimerais que d'autres s'intéressent à l'Europe de Wielstadt, que certains se
l'approprient sans en trahir l'esprit, qu'on me soumette des projets (romans,
nouvelles). L'Europe de Wielstadt est un cadre. Du moment que sa logique et sa
cohérence sont respectées, bien des histoires peuvent s'y dérouler. Mon rêve
fou serait un recueil de nouvelles "Wielstadt", dont je serais le directeur,
avec droit de regard et de veto sur les textes. Mais c'est compliqué, et je ne
sais pas si mon éditeur verrait ça d'un bon oeil. Pour finir, je doute que
l'aventure tente mes collègues. D'ailleurs, je les comprends.
Merci Pierre.
|