Quatrième de couverture
Au coin de Metcalf et
de Sainte-Catherine, des enfants cherchent leurs mamans parmi la foule.
Des vieux, regardant devant et derrière, à la manière
de bêtes sûres de leur force d'attaque, veulent dire deux mots:
demander des comptes aux manitous. Ils ont vu brûler tant de chandelles.
Ils ont vu tomber tant de neige, qu'ils se sentent solides maintenant.
Tout à coup,
les gendarmes recommencent de s'époumoner en soufflant dans leurs
trompettes. Les politiciens se mettent à parler une nouvelle langue,
comme si quelque chose d'extraordinaire allait advenir. On fait rentrer
les millionnaires à leur hôtel. Ils ont l'ouïe écorchée
par les cris des petits blancs. Auparavant ils sont allés cacher
à la banque leurs maîtresses, leurs bateaux, les tables de
leurs casinos, leurs automobiles de grandes marques, leurs sacs de crayons,
leurs boites d'épices, leurs bouteilles de sang et leur collections
de poupées de porcelaine. Le cortège des millionnaires, escortés
de gendarmes à motocyclettes, prend le chemin de l'aéroport.
On dirait une autre manifestation: celle des gros blancs, cette fois-ci.
On voit même des automobiles s'envoler dans les airs afin d'arriver
à temps pour le départ. Silence de marbre. D'une voix de
titan le directeur de la CIA demande aux manitous de se mettre à
genoux. Cent coups de canons font voler les oiseaux des branches.
En ce jour troublé, l'Ambassadeur du royaume
d'Haïti débarque. Sa mission: au nom des différents
gouvernements, rétablir la paix et maintenir l'ordre.
Troublant et déroutant,
ce second roman de Gérard Étienne arrive à nous tenir
à bout de souffle par les fils enchevêtrés d'un fantastique
foisonnant d'événements. cet irréel s'accroche à
nous, et ne nous offre d'autre alternative que de l'accepter comme plus
réel que le réel. Un roman de politique-fiction, peut-être.
Un grand roman, sûrement. |