Quatrième de couverture:
Joseph Balsamo, alias Cagliostro, condamné
pour hérésie et commerce avec le Diable. Alexandre Dumas et Jules Verne, les
auteurs français les plus imaginatifs du XIXe siècle. Les patriotes de 1837,
dirigés par Louis-Joseph Papineau. Sekhmet-la-Terrible, déesse égyptienne du Mal
et de la Destruction. Tous se mêlent et s'affrontent dans ce nouveau roman de
Denis Côté conjuguant histoire et surnaturel, littérature et révolution, futur
et passé. L'empire couleur sang va-t-il conquérir le monde ? Un voyage
fantastique à travers l'histoire !
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Critique:
Le roman semble destiné à la jeunesse, si
l'on en croit la collection et la mention "à partir de 14 ans". Mais, sans aucun
doute, il touchera bien plus les adultes, ne serait-ce que par son côté très
référentiel, tant sur le plan culturel que sur le plan socio-historique
(l'évocation des premiers martyrs politiques québécois est très bien rendue).
D'autre part, ce roman appelle de toute évidence une suite. Qui paraîtra,
peut-on espérer, sinon il restera à jamais cruellement incomplet. Ce qui frappe
avant tout, c'est ce mélange de genres, et aussi cette structure temporellement
éclatée. Ce qui rehausse l'intérêt de la lecture, même si Denis Côté ne
s'embarrasse jamais de subtilités : il va droit au but et ne craint pas le
manichéisme, ce qui peut être expliqué par l'appartenance de l'ouvrage à une
collection juvénile. Toujours est-il que "L'Empire couleur sang" reste de bout en bout
passionnant à lire, faisant en plus vibrer la fibre de la passion littéraire et
populaire en ressuscitant les Dumas, Verne, Hugo, Nerval et autres Cagliostro.
Les "uchronologues" distingués se verront confrontés à un dilemme. Quel "point de
divergence" retenir ? Le 16 novembre 1837, date du retour de la déesse Sekhmet
sur la Terre, ou bien le 18 (ou 19) janvier 1844, moment où se tint la séance
qui provoqua cette résurrection? Bizarrement, les événements spatio-uchroniques
du prologue ne sont plus jamais repris par la suite, comme s'ils n'étaient là
que pour exciter la
curiosité du lecteur.
N'importe. Les amateurs de conjecture historique et référentielle seront comblés
par ce roman rare (à trouver) et sans prétention. Difficile, pour diverses
raisons (la présence de Verne, l'uchronie, la volonté de mettre en valeur le
contexte social de l'époque), de ne pas évoquer "La Lune seule le sait" de Johan
Héliot, même si le premier privilégie le fantastique et le second la SF. Voire
les merveilleux récits de René Réouven, ou de Kai Meyer ("La Conjuration
des visionnaires", "La Princesse d'hiver").
Attendons maintenant le deuxième opus, qui nous contera les exploits de
Cagliostro, Dumas et Verne, repartis combattre la Milady de l'au-delà dans le
passé ! Marc Madouraud |