Quatrième de couverture
Une ère nouvelle s'ouvre sur la Terre; après un
siècle de guerre, de famine et de désespoir, l'humanité
survivante a entrepris de soigner le monde. Et le dispose du chronoscope,
qui lui montre le visage des hommes d'autrefois et lui fait entendre leur
voix. L'Observatoire du temps scrute les siècles passés.
Ainsi du grand voyage qui conduisit Christophe
Colomb le 12 octobre 1492 sur les rives du Nouveau Monde.
"J'ai rêvé, dit Putukam du
peuple taïno d'Haïti, qu'un homme et une femme nous observaient,
plus jeune que nous de quarante générations... Pourquoi n'empêchent-ils
pas les Blancs de nous asservir ?"
Pour les chercheurs de l'Observatoire, n'y
a-t-il pas une douleur insupportable à regarder l'Histoire dérouler
son cours implacable ? Mais est-il possible d'intervenir ? Et le remède
ne serait-il pas pire que le mal ? |
Critique
Card nous offre une nouvelle fois un livre ambitieux, dont le
thème est fascinant : quel regard jeter sur le passé ? peut-on
supporter d'être spectateur sans intervenir ? comment prendre le
risque d'agir ?
Bien que constamment passionnant, comme la
plupart des livres de l'auteur, certaines faiblesses empêchent cependant
de le considérer comme une totale réussite.
En effet, l'intrigue n'est pas toujours parfaitement
convaincante : on a en particulier quelques difficultés à
imaginer qu'avec une vision globale de l'histoire, des chercheurs puissent
se focaliser sur un événement précis, aussi important
soit-il... Et on a du mal à croire qu'ils soient un jour suffisamment
convaincus du rôle décisif de cet unique événement
pour décider d'agir avec les risques que cela comporte...
Mais ces risques, Card les élude. Il
balaye la notion habituelle de paradoxe temporel, qui rendrait impossible
le roman, et il coupe court aux considérations éthiques en
fournissant un prétexte qui force les protagonistes à l'action...
ce qui lui permet de parvenir à une curieuse conclusion, dans laquelle
la "rédemption" de Colomb semble celle de l'humanité entière...
On peut enfin regretter la présence
des chapitres qui présentent une nouvelle fois l'histoire bien connue
de Colomb, qui ralentissent le rythme et alourdissent le récit sans
rien ajouter à l'intérêt.
L'ensemble demeure cependant d'un très
haut niveau, et certains passages tout-à-fait extraordinaires suffisent
à racheter les quelques défauts. Voir Tagiri remonter le
temps à travers l'histoire de sa famille est un moment très
émouvant, les découvertes de Kemal sur l'Atlantide ou les
prévisions d'Hunahpu sur les Tlaxcaltèques sont passionnantes,
et les scènes où nos observateurs s'intègrent au passé
sont étonnantes et captivantes.
Il en résulte que ce roman mérite
amplement d'être lu, d'autant plus que le style de Card est comme
d'habitude remarquable et qu'il réussit toujours à donner
une rare consistance à ses personnages.
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