John Steinbeck La porte des mondes

Le règne éphémère de Pépin IV (The short reign og Pippin IV, 1957)
Traduit par Rose Celli
Phébus (1996)
87 pages     2-85940-421-X
Uchronie. Date de la divergence :  1950
Quatrième de couverture : 

Steinbeck avouait une tendresse toute particulière à l'endroit de ce roman "français" (1957) qui fut pour lui et pour ses lecteurs d'alors comme une cure de santé.
Nous sommes dans la France des années 50 et l'on nous explique que la République, fatigués par les changements de gouvernement qui sont à l'époque l'une des plus sûres spécialités du pays, décide de confier le pouvoir à un roi. On offre donc la couronne à un lointain descendant de Charlemagne, Pépin Héristal, modeste rentier parisiens propriétaire de quelques pieds de vigne du côté de Chablis, astronome amateur à ses heures.
Steinbeck a toujours aimé la veine humoresque: il n'en pour s'en convaincre que de relire la merveilleuse série de romans qu'il a consacré aux paisanos et aux joyeux clochard de Monterey (Tortilla Flat, Rue de la Sardine, Tendre Jeudi). Il y ajoute ici une jolie pointe de satire, mais sur un mode plus amusé qu'accusateur (car on sent qu'il aime la France pour ses défauts non moins que pour ses vertus). La description de la cour royale est en soi un régal: la reine Marie et sa confidente soeur Hyancinthe, une danseuse des Folies-Bergère devenue religieuse sur le tard; l'oncle Charles Martel, propriétaire d'une galerie et grand expert en faux; la princesse Clotilde, auteur à 15 ans d'un best seller intitulé Adieu ma vie ... Quant à Pépin, il déteste Versailles et ses appartements mal chauffés et n'est jamais aussi heureux que lorsqu'il peut s'offrir une escapade en scooter: occasion pour lui de découvrir les états d'âme de son chère et vieux pays.
On songe aux comédies grinçantes où excellaient alors Billy Wilder et William Wylder, aux grimaces émouvantes d'Audrey Hepburn; on entend sonner l'orchestre heureux d'Un Américain à Paris, on rit, on sourit, on se souvient ... et l'on n'est pas loin d'essuyer une larme quand l'auteur nous pousse du coude pour nous rappeler que si le monde mérite quelques, il n'y peut-être pas de quoi en faire un drame.

 

© La Porte des Mondes et Icarus
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