Christoph Ransmayr La porte des mondes

Le syndrome de Kitahara (Morbus Kitahara, 1995)
Traduit par Bernard Kreiss
1. Albin Michel (1997)
    390 pages     2-226-09389-3
2. Le Livre de Poche n° 14743 (1999)
    414 pages     2-253-14743-5
Uchronie. Date de la divergence :  1944
Quatrième de couverture : 

"Ici reposent onze mille neuf cent soixante-treize morts, tués par les natifs de ce pays. Bienvenue à Moor."

Dans le monde dévasté où nous jette ce roman visionnaire, apocalyptique, règne une pax americana imposée par les bombes et les humiliations. Parce que leur village fut un lieu d'extermination nazie, les habitants de Moor expient éternellement, contraints à mimer chaque année des crimes qu'ils ne veulent pas reconnaître, uniquement préoccupés de survivre.
Bering, le forgeron, né sous les bombardements, est l'un d'entre eux. Ils s'est pris d'un étrange attachement pour Ambras, un ancien déporté, un vainqueur, certes, mais brisé par des souvenirs atroces. Ces deux errants n'ont d'autre choix que de reconstruire quelque chose qui ressemble à un ordre social.
Mais une paix ainsi imposée peut elle engendrer autre chose que le désir de vengeance et de guerre?
On a pu comparer au Tambour, de Günter Grass, cette oeuvre où les tragédies de l'histoire se surimpriment, à chaque page, aux visions d'un monde futur, soumis au nom du bien à un tyrannique Juge suprême du nom de Stellamour. Après Le Dernier des mondes, cette nouvelle oeuvre confirme la place de premier plan de son auteur, un Autrichien né en 1954, dans la jeune littérature européenne.

Ransmayr est un émissaire de l'enfer qui ne cesse de dénoncer l'imposture de nos civilisations. Il déroutera, tant le désordre le hante. Mais le style reste de bout en bout éblouissant: taillé comme un cristal, flamboyant, halluciné et hallucinant.

André Clavel, L'Express
 

© La Porte des Mondes et Icarus
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