Luca Masali La porte des mondes


Couverture
La perle à la fin des temps  (La perla alla fine del mondo, 1999)
Traduit par Jacques Barbéri
Payot SF (n°4)    (Octobre 1999)
396 pages.     2-228-89262-9
Uchronie. Date de la divergence : 1924. 
Le site de Luca Masali
Quatrième de couverture

1924. Une nuit de beuverie à Monte-Carlo. André Citroën relève le défi insensé lancé par son ennemi juré Louis Renault.
Avec son équipe, Citroën part au coeur du Sahara sur les traces du Scarabée d'Or, une autochenille surpuissante disparue en plein désert.
L'aventure l'entraînera bien plus loin qu'il ne l'imaginait, à la découverte d'une perle fabuleuse aux frontières du passé et du futur. 

Critique

 C'est une première : ce roman a été publié de façon (quasi) simultanée en Italie et en France, sans que l'éditeur français ait attendu les réactions du public italien. C'est une nouvelle preuve du rapprochement des SF transalpines, initié à la suite du succès de Valerio Evangelisti et du festival Utopia 1998.

     Il faut avouer que ce roman a tout pour séduire les Français. Il met en scène deux fameuses figures de l'automobile française (Renault et Citroën) et nous emmène de Monte Carlo vers l'Afrique du Nord, à bord d'autochenilles qui nous rappellent la célèbre « croisière noire ». Ce simple résumé suffit déjà à réveiller en nous la mémoire collective d'une époque insouciante, de lieux et d'événements qui incitent à rêver d'aventures. Et pour couronner le tout, il s'agit d'une uchronie, genre en pleine expansion.

     Mais si l'argument est attrayant, ce n'est pas la seule qualité de l'ouvrage, bien au contraire. 
     La perle à la fin du monde est d'abord un roman palpitant, drôle, enlevé et astucieux, aux péripéties multiples et aux personnages pittoresques. Entre des légionnaires agités, des islamistes tenaces et des archéologues illuminés, nos sympathiques héros iront de surprise en surprise, car l'intrigue est si complexe qu'elle prend sa source dans un passé oublié pour se prolonger jusque dans un futur éloigné de plusieurs siècles, durée naturelle lorsqu'il s'agit pour les protagonistes d'obtenir l'immortalité, au risque d'en perdre la raison...
     A côté de ces aventures incontestablement ludiques, Masali nous invite à découvrir l'Islam de façon plus intime, en évitant la caricature. Sans insister pesamment, il nous dévoile quelques doctrines et nous présente quelques figures de cette religion qui demeure mal connue des occidentaux. Plus original encore, il nous décrit un futur où l'Amérique n'est plus qu'une légende, et où l'Islam est la seule religion... Ce qui n'empêche pas de sanglantes guerres entre factions, menées à l'aide de super-robots programmés pour tuer en récitant les sourates du Coran, ou de cyberderviches capables de communiquer par leurs danses avec des satellites...

     En bref, le plaisir de lecture est immédiat : on s'amuse, on jubile, on s'enthousiasme... Les trouvailles abondent et Masali sait remarquablement marier le grand spectacle d'une aventure archéologique fantastique à une réflexion historique excitante et stimulante pour l'esprit. 
     Ce jeu entre Histoire, aventure et science-fiction ne peut bien sûr que rappeler l'oeuvre de Valerio Evangelisti, qui à l'évidence a grandement influencé le style et les choix de Luca Masali. Celui-ci a cependant parfaitement réussi à s'en démarquer et à imposer sa patte : on peut parier qu'il n'a pas fini de nous surprendre ! 


© La Porte des Mondes et Icarus
Toutes les critiques sont copyright © 1999 par leurs auteurs.

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