Interview de J. Gregory Keyes                  

La porte des mondes

Les démons du Roi-Soleil

Les démons du Roi-Soleil (Newton's cannon, 1998)
Traduit par Olivier Deparis
Flammarion coll. Imagine (2001)
359 pages     2-08-067961-9

L'algèbre des Anges

L'algèbre des Anges

(A calculus of Angels, 1999)
Traduit par Olivier Deparis
Flammarion coll. Imagine (2002)
359 pages     2-08-068189-3

 

 

 

L'Empire de la Déraison

L’Empire de la Déraison (Empire of Unreason, 2000)

Traduit par Jacques on coll. Imagine (2003)
360 pages     2-08-068299-7

 

 

 

Les Ombres de Dieu

Les Ombres de Dieu 

 (The Shadows of God, 2001)
Traduit par Olivier Deparis
Flammarion coll. Imagine (2004)
566 pages     2-08-068298-9

 

J. Gregory Keyes est né à Meridian, dans le Mississippi, en avril 1963. Il a passé plusieurs années dans la Navajo Indian Reservation de l'Arizona, où son père était administrateur du Navajo Community College. De retour dans le Mississippi, Greg a terminé ses études secondaires pour entrer à l'Université du Mississippi, et y a obtenu une licence en anthropologie. Il a travaillé comme archéologue pendant quelques années, avant de reprendre ses études pour décrocher une maîtrise à l'université de Géorgie. Il a entamé un cursus de doctorat mais n'a pas encore rédigé sa thèse. Il réside à Savannah, en Géorgie, où il écrit et enseigne l'escrime. Il aime aussi jouer au Kapucha Toli, un sport choctaw semblable au lacrosse, en plus viril.

 

La page de J. Gregory Keyes sur le site de la nooSFère

 

La Porte des Mondes : Gregory, tu as choisi d'écrire une uchronie: pourquoi avoir choisi ce genre de Science-fiction, plutôt que de placer l'histoire dans le futur ou sur une planète lointaine?
Gregory J. Keyes: Quelle plus belle époque pour placer une histoire de science-fiction que la période où la magie est devenue ce que nous nommons couramment la science ? Isaac Newton a été considéré comme étant le dernier des sorciers, et non sans raison puisque la majeure partie de ce qu'il a accompli était de nature occulte ou biblique, mais nous n'avons retenu de lui que des choses comme le calcul des fluxions ou ses travaux sur l'optique. Le début du XVIII ème siècle fut une période décisive, hésitant entre la foi et la raison, entre l'ancienne magie et les nouvelles philosophies qui allaient changer la nature de la pensée et la technologie pour toujours. De plus, c'est une époque qui a été marquée par de nombreux personnages forts et passionnants, et à laquelle les auteurs de fantasy et de science-fiction se sont pourtant peu intéressés.

 


PdM : Pourquoi as tu choisi cette période en particulier?

G. J. K. : J'ai déjà répondu à cette question plus haut, mais il y a une autre raison. Mon idée de départ était d'écrire une histoire dans cette ligne temporelle divergente, mais qui se déroulerait à notre époque. J'ai voulu restituer la vision d'une Amérique dans laquelle il y aurait un mélange plus équilibré des cultures et des sociétés européennes, indiennes et africaines. Mes études d'éthnohistorien m'ont suggéré que cela aurait pu arriver, à la condition que quelque chose de radical soit arrivé aux puissances européennes au tout début du XVIII ème siècle. A partir de là, le futur était quasiment redéfini.


 

PdM : Pourquoi avoir donné un rôle si important à Louis XIV? Et pourquoi avoir choisi l'Europe comme principal théâtre du récit?
G. J. K. : Les volumes suivants de la série nous emmèneront en Afrique du Nord, en Sibérie, en Chine et aux Amériques, mais la locomotive du monde des années 1720 était l'Europe. C'est là que tout se passait aux niveaux scientifique et technologique. Comme Isaac Newton, Louis XIV fut un homme qui vécut à cheval sur deux époques. Il fut peut-être le seul et unique véritable monarque absolu, et s'intéressait beaucoup à la science et aux inventions. Les jardins de Versailles dénotent son obsession pour la raison et l'ordre. Mais il fut aussi le plus puissant vestige de l'Ancien Régime - il persécuta les protestants et mena la France dans une série de guerres inutiles. Il ne comprenait pas vraiment la science, si ce n'est ses aspects divertissants. Déterminé à préserver son pouvoir, il mena une politique à la fois étrange et ingénieuse : il détourna les nobles de leurs domaines et de leurs armées en les attirant à Versailles où, prêts à tout pour lui plaire, ils cessèrent d'être de Grands Nobles pour ne devenir que de simples courtisans, qui ne représentaient plus de menace pour lui. Louis XIV s'enferma dans son rôle de monarque absolu, rôle par lequel il se laissa dépasser mais jamais détruire.


 

PdM : Tu introduis la magie comme un des éléments moteurs du récit? S'agit-il d'un monde dans lequel la magie existe ou d'un monde où la science a pris un voie différente?
G. J. K. : C'est un monde avec des différences minimes dans les lois de la physique, si subtiles qu'elles n'apparurent que lorsque les travaux de Newton permirent leurs découvertes. La méthode est scientifique, mais ce que cette méthode permet de découvrir est plutôt différent de ce que nous connaissons dans notre univers. Il s'agit d'une parabole sur l'objectivité de la méthode scientifique, et la subjectivité qui l'accompagne toujours.


 

PdM : Crois tu que ton roman soit plutôt de la Science-fiction ou plutôt de la Fantasy?

G. J. K. : C'est plutôt difficile à dire. Il y a interaction entre Science-fiction et Fantasy. Les prochains livres feront allusion aux théories des quanta et des cordes, mais d'une certaine façon, je crois que le fond est plutôt de la Fantasy, même si ça demeure un commentaire sur la Science.


 

PdM : Dans le premier volume un météore détruit la plus grande partie de l'Europe du Nord! Pourquoi un tel cataclysme?

G. J. K. : Désolé! Il fallait que j'arrête la machine économique anglaise pour transformer le monde comme je l'entendais.
 


 

PdM : Benjamin Franklin est un des héros de ton roman: pourquoi lui? Y a- t'il une raison particulière?

G. J. K. : D'abord j'ai choisi la période, puis j'ai regardé qui vivait à cette époque. Franklin m'est apparu comme un personnage fascinant, en perpétuel changement. Il est devenu une sorte de modèle américain, un de ceux qui ont toujours un certain poids au Etats-Unis. Il fut à la fois un théoricien et un expérimentateur. Il me permet de faire le lien entre le monde européen et le monde américain dans les prochains volumes.



PdM : En France la série est annoncé comme étant une trilogie, mais il y a en réalité quatre livres dans la série de l'"Age de la Déraison", seront-ils tous traduits en français?

G. J. K. : D'après ce que l'on m'a dit, oui.


 

PdM : Sur quel genre de romans travailles tu actuellement? SF, space opera, fantasy, steampunk? 

G. J. K. : Pour le moment, je travaille sur une série qui s'intitule KINGDOMS OF THORN AND BONE. Le premier livre s'intitule THE BRIAR KING. L'histoire se déroule dans un autre monde, peuplé d'individus originaires du nôtre, issus d'époques et de lieux différents. C'est de la Fantasy avec un arrière-plan historique, mais beaucoup moins que "L'Age de la Déraison".

 

Merci Gregory.

 

Merci à Gilles Goullet et à Olivier Deparis pour leur aide dans la traduction.

 

© La Porte des Mondes et Icarus
Toutes les critiques sont copyright © 1999 par leurs auteurs.

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