Interview de Johan Heliot La porte des mondes

 

 

 

La lune seule le sait

La lune seule le sait 
Mnémos coll. Icares (2000)
278 pages     2-911618-63-7

 

Reconquérants

Reconquérants
Mnémos coll. Icares (2001)
310 pages     2-911618-70-X

Johan Heliot est né en 1970, il a publié plusieurs nouvelles. Considéré comme l'un des auteurs les plus prometteurs de la jeune génération francophone, il est l'auteur de deux formidables romans: La Lune seule le sait et Reconquérants. En janvier 2002 sortira son troisième roman "Pandémonium" aux éditions Le Bélial.
 

 

La page de Johan Heliot sur le site de la nooSFère

 

 

La Porte des Mondes: La Lune seule le sait et Reconquérants sont deux romans à caractère uchronique, pourquoi cet intérêt pour les jeux avec l'Histoire?
Johan Heliot : D'abord la suite logique d'un cursus universitaire - j'ai une formation en histoire (une maîtrise d'histoire ancienne, pour être exact). Ensuite, avec un minimum de curiosité, on découvre que l'Histoire (allez, je mets la majuscule), la petite comme la grande, est une mine inépuisable de situations et de caractères (au sens de personnages) pour un auteur. Le plus souvent, pas la peine de forcer le trait, il vaut même mieux calmer le jeu. Ainsi, notre XIX° : un Andrieux, le préfet de police de Paris que je décris dans La Lune, un Jaume, inspecteur de police adorant se travestir, sans parler d'un Vidocq (que j'utilise dans "Pandémonium", à paraître en janvier chez Le Bélial), ...

 


PdM : D'où te sont venus tes sources d'inspirations pour La Lune seule le sait : les personnages, ces visuels très fort  comme cette tour Eiffeil transformée en mât  pour vaisseau Ishkisss,le choix de la période historique, en l'occurence la fin du Second Empire?
J. H. : Pour les personnages, voir plus haut, ainsi que dans le roman populaire (j'ai par exemple emprunté Isidore Bautrelet à Leblanc). Les images s'imposent d'elles-mêmes suite à des lectures (pour l'exemple que tu cites, je me souviens avoir lu le découverte Gallimard consacré à la Tour, dans lequel une illustration présente une espèce de dirigeable frôlant la vieille dame... de là à en faire un vaisseau spatial, le pas était aisé à franchir).. Quant aux périodes, j'ai une prédilection pour l'Antiquité romaine et le XIX° européen, sans trop savoir pourquoi.


PdM : La Lune seule le sait a été récompensé avec le prix Rosny Aîné: comment as tu accueilli la nouvelle?
J. H. : Avec un plaisir évident, d'autant que ce prix est attribué par des fans et des lecteurs assidus, très critiques, ainsi que par des professionnels. Je considère ce prix comme le plus sincère qui soit attribué (aïe, phrase ambiguë, j'espère que certains ne vont pas mal le prendre !), et il a presque toujours récompensé des bouquins et des gens que j'aime (Roland Wagner, Claude Ecken, Pierre Stolze, Jean-Claude Dunyach, ...), donc joie !


PdM : Reconquérants est un roman étrange: le postulat de départ semble  prometteur, mais la lecture peut surprendre (décevoir ??) certains lecteurs: pourquoi avoir introduit ces éléments de pure Fantasy?  J'ai eu l'impression de lire deux romans différents collés ensembles:  une uchronie riche en potentialité, pleine de trouvaille (le "métro" de "Libertas"la capitale de Nova Roma, quelle ingéniosité et quelle imagination) pour retomber (comme un soufflé) dans un roman de Fantasy du plus belle effet. Pourquoi ce changement de ton, quel était ton objectif?
J. H. : Je suis parti d'un pari risqué (casse-gueule, apparemment) : mêler les genres, uchronie et fantasy, en privilégiant l'action. Je ne regrette pas dans la mesure où les réactions que tu cites montrent que les lecteurs s'attendaient à un "Lune seule" bis, ce que je ne voulais pas. Ensuite, que le collage paraisse abrupt, je l'admets volontiers. Hé, je suis un jeune auteur, j'ai encore besoin de bosser ... !


PdM : Je regrette l'absence de carte dans Reconquérants: crois tu qu'elle eut  pu être utile?
J. H. : Oui. Elle était prévue, j'avais esquissé un croquis, assez peu clair (je dessine très mal), puis, faute de temps... Peut-être dans la suite ?


PdM : A mon goût tu ne développes pas assez les relations entre la colonie de Libertas et les populations indigènes, comptes tu y revenir ultérieurement? Y'aura t'il une suite à Reconquérants? Comptes tu explorer plus en avant les relations entre les "Romains" et les indigènes? Entre les "Romains" et les civilisations méso-américaines?
J. H. : J'y compte bien. D'abord parce que je l'ai prévu, ensuite parce que certains lecteurs m'ont fait cette remarque : on veut lire ce qui s'est passé avant, et ce qui s'est passé après ! Et, comme dans l'immédiat le bouquin marche bien, je m'en voudrais de sevrer tout ce petit monde ! Bon, tout ça pour dire que, oui, j'ai envie de raconter la conquête romaine du Nouveau Monde, ainsi que la révolution des indigènes.


PdM : Ton prochain roman, troisième dans l'ordre de parution mais premier dans l'ordre de rédaction s'appelle "Pandémonium": peux tu nous en parler sans lever le secret?
J. H. : Il s'agit d'un steampunk, pour l'ambiance, et d'un roman historique de science-fiction, à moins que ce ne soit l'inverse, pour l'intrigue. Le sous-titre pourrait être "Vidocq contre les extra-terrestres vampires", mais je ne veux pas faire fuir les lecteurs... D'autant que la couverture, signée par le jeune et talentueux Eikeisia est MAGNIFIQUE !!
Achetez-le rien que pour elle !


PdM : Quels sont tes projets romanesques à plus ou moins long terme?
J. H. : Je bosse sur un pur space-op' pour Imaginaires Sans Frontières, et sur une Fantasy urbaine pour Mnemos. Ensuite, un recueil de nouvelles toujours pour ISF, et d'autres projets. Je signale la sortie, début 2003 (?), d'un volume en Lunes d'Encre (Denoël), regroupant deux courts romans fantastique/noir et une nouvelle.


 

Merci, Johan.

 

© La Porte des Mondes et Icarus
Toutes les critiques sont copyright © 1999 par leurs auteurs.

Dernière mise à jour de cette page : 


                                                                                                                                                                    Site conçu et réalisé par MOTA Pedro 1998-2001